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Comment la Chine utilise la reconnaissance faciale pour traquer les malades du coronavirus

Cinq millions de personnes ont séjourné à Wuhan avant le confinement de la ville. Soit autant de potentiels contaminés que les autorités traquent avec de l’analyse de données et la reconnaissance faciale.


Des agents de sécurité utilisent le système développé par la firme chinoise Megvii pour détecter la fièvre chez les usagers de la station de métro Mudanyuan à Pékin. AFP/GREG BAKER


Pour endiguer l'épidémie de coronavirus 2019-nCov, qui a déjà contaminé plus de 30 000 personnes, la Chine a sorti les gros moyens. Effrayé à l'idée que des habitants qui auraient été infectés à Wuhan, épicentre du virus, puis quitté la ville avant sa mise en quarantaine ne contaminent d'autres Chinois, Pékin tente de les traquer à grand renfort de reconnaissance faciale et d'usage de données personnelles.Cinq millions de personnes auraient séjourné dans la ville ou au moins dans la province de Hubei, dont elle est la capitale, jusqu'au 23 janvier. Soit autant de personnes à identifier, ce qui rend la tâche des autorités incommensurable et requiert de nombreuses ressources humaines. Les autorités de Nankin, capitale de la province du Jiangs, dans l'est de la Chine, ont relaté en ligne comment elles avaient réussi à retrouver un homme qui n'avait parlé à personne d'un récent voyage à Wuhan. Par précaution, il s'était imposé une quarantaine, sans pour autant révéler son récent séjour aux autorités. En pleine nuit, des policiers sont venus frapper à sa porte pour vérifier sa température après être parvenus à le retrouver en épluchant des bases de données de voyageurs.


Repéré hors de la quarantaine par la reconnaissance faciale

Reuters rapporte aussi l'histoire d'un homme qui est revenu à Hangzhou après un voyage d'affaires. Sa plaque d'immatriculation a été repérée près de Wenzhou, où plusieurs cas de contaminations ont été recensés et la police l'a contraint à observer un confinement de deux semaines à son domicile. Mais l'homme qui s'ennuyait, a décidé de sortir au bout de 12 jours. Une caméra de reconnaissance faciale l'a identifié près d'un lac et en a avisé son supérieur. De nombreuses municipalités promettent des primes en cas de dénonciation, d'autres mettent en place des systèmes d'enregistrement électroniques. Dans certains quartiers pékinois, les résidents sont poussés à scanner un code QR avec leur smartphone pour remplir un questionnaire en ligne : ils doivent préciser notamment leur adresse, le détail des moyens de transports récemment empruntés et indiquer s'ils se sont « récemment » rendus dans le Hubei ou ont fréquenté quiconque venant de cette région.


Des applications basées sur des listes de voyageurs

L'arsenal employé n'est pas nouveau, pour ce pays qui utilise les données de ses citoyens à grande échelle et a aisément recours au déploiement de technologies d'intelligence artificielle. Mardi la Commission nationale de la santé a intimé aux gouvernements locaux d'utiliser « les données pour surveiller, identifier (les cas) prioritaires et prévoir efficacement l'évolution de l'épidémie en temps réel ». « Il faut renforcer le partage d'information entre […] la sécurité publique, les transports, et les autres administrations », a-t-elle aussi enjoint, selon un communiqué.Auprès de l'agence de presse Xinhua, Zhu Jiansheng, membre de l'académie chinoise des sciences explique notamment que les autorités emploient des technologies pour retrouver des personnes susceptibles d'avoir contracté le virus et ayant emprunté un train. « Nous récupérons des informations pertinentes sur le passager, le numéro du train, du transporteur et des informations sur les passagers qui se trouvaient proches de la personne. C'est-à-dire celles assises sur les trois rangées de sièges avant et après la personne », détaille-t-il.Depuis le début de la propagation du virus, des applications en ligne un peu particulières ont aussi émergé : en se basant sur des listes publiées par la presse d'Etat, elles proposent aux voyageurs de vérifier s'ils n'ont pas pris le même vol ou avion qu'une personne suspectée d'être contaminée. À Pékin, un responsable de quartier en charge d'un complexe résidentiel comptant 2400 appartements a confié que les données liées aux vols et aux trains permettaient de surveiller les déplacements récents de chaque résident.


Photographie des visages et contrôle de température

Les firmes technologiques chinoises rivalisent d'idée pour contribuer à combattre l'épidémie, projetant des livraisons de matériels médicaux par drone ou cartographiant l'expansion du virus.

L'objectif est avant tout d'identifier les personnes souffrant de fièvre, symptôme ordinaire de la contamination au coronavirus : partout, des gardiens de quartier ou d'immeubles contrôlent les visiteurs avec un thermomètre. Des services de transports en commun, eux, mettent à l'essai des systèmes perfectionnés pour détecter dans la foule les passagers présentant une température anormale, en utilisant caméras thermiques et logiciels « intelligents ».

Des agents de sécurité utilisent le système développé par la firme chinoise Megvii pour détecter la fièvre chez les usagers de la station de métro


À Pékin, un système développé par le géant chinois de l'internet Baidu contrôle les passagers de la gare Qinghe via des technologies de reconnaissance faciale et des capteurs infrarouge, photographiant automatiquement chaque visage. Si la température d'un corps dépasse 37,3 degrés, l'alarme stridente se déclenche, entraînant un second contrôle (manuel). Selon Baidu, son système peut contrôler plus de 200 personnes par minute -bien davantage que les étroits portiques de détection thermique des aéroports.

L'expert chinois de la reconnaissance faciale, Megvii, a aussi développé en urgence un système similaire, expérimenté dans une station de métro à Pékin. Selon lui, l'équipe a optimisé ses modèles « pour détecter efficacement les températures corporelles même quand seul le front est à découvert ».

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